Je me souviens de l’époque
où, dans l’importante société pour laquelle je travaillais, l’on créait
ce qui s’appelait un abcès de fixation lorsqu’il fallait détourner
l’attention du personnel et des syndicats d’une autre action ou d’un
projet qui paraissait prioritaire aux yeux du P.D.G.
L’astuce consistait à provoquer un conflit secondaire dans lequel on
noyait l’essentiel. À ce détournement d’attention, il fallait ajouter ce
qui s’appelait « Le flou artistique », c’est-à-dire la rédaction d’une
note qui disait l’essentiel et son contraire (ou presque !)
Le temps passe, mais les techniques demeurent. Aujourd’hui, on fait
dans le spectacle, le visuel, le virtuel à une cadence telle que les
problèmes de fond s’effacent, s’oublient au profit d’un évènementiel qui
semble anesthésier le bon peuple !
N’imaginez pas qu’on invente, que d’un seul coup ce trompe-l’œil et
l’esprit soit une géniale et moderne trouvaille. Le Versailles de Louis
XIV en fut un magnifique exemple, pendant qu’on y pratiquait l’art
d’admirer et de s’incliner, les caisses se vidaient, la guerre et la
faim passaient pour pertes et profits…
Une différence de taille pourtant, la société pour laquelle je
travaillais, la France du Roi Soleil, chacune dans son domaine furent
comme on dit maintenant « leader ».
Les agitations, les mascarades qu’on nous propose maintenant ne sont que
le pâle reflet d’une nation à peine visible dans le kaléidoscope du
monde !
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