Cest le privilège
des revenants de voltiger sur laile du vent, dêtre déternels flocons.
Je suis lombre dun souvenir. Lesprit dun colporteur du pays
Carnute qui trahit son errante confrérie.
Je nai pas su retenir ma langue, comme lalouette, tout en plumes et gosier, je
me confonds avec les pierres des chemins, laile tourterelle des nuages sans pouvoir
marrêter de raconter mes histoires
Comme un moulin ! Mon côté mercantile
Je suis moins que rien, lécho dun mot
Mercelot, colporteur, porteballe,
regrattier, camelot, coureur, ambulant, margoulin, chineur
Pour vous parler de moi, jai enfreint la loi du silence, jai soufflé mes
aventures à loreille dun écrivain local, un nostalgique banlieusard, un
mulet aux gènes incertains, mi-dunois, mi-parisien, saupoudré dincertitudes, un
petit auteur suffisamment fat pour croire quil est pour quelque chose dans
lhistoire quil écrit. Il arrange la mélodie. Il ose des improvisations sur
mes thèmes mais ni vu ni connu jtembrouille, il ne me dénoncera pas à mes
anciens compagnons du trimard. Je ne serai pas la honte dune famille de fantômes
dambulants. Les nuages ne me feront pas leurs cornes en passant et personne dans le
pays ny reconnaîtra les siens
Nous en savons tellement sur tout le monde que
cent cinquante ans après ça ferait encore des histoires
Avec un auteur comme
porte-parole, cest plus pratique.
Je fais le dessin, il met la couleur et il signe
Il est responsable, a lui de
sarranger, de farder la vérité, de savoir si cest Colas ou Goupil,
Sancheville ou Authon-du-Perche
Je continuerai inlassablement à faire mon tour de pays, à suivre tranquillement le vent
de chez nous qui ne retrousse que les jupes des jolies filles, trombone dans les clochers,
froisse les bosquets
Je ne me sens pas lâme dun délateur. Je reste moi-même, je suggère, je
fais raconter, jai ma conscience pour moi !
Cest mieux pour un fantôme
Et puis même si on savait en-haut lieu que
jagite les neurones dun plumitif de Saint-Maur-sur-le-Loir, que voulez-vous
quon me fasse ? Sûrement pas une déchirure là où je nai plus rien.
Je suis revenu faire mon tour ces derniers temps, planer un peu au droit du Loir, plonger
sur Bonneval, glisser au ras des futaies de Moléans, marauder sur les roseaux des Ouches,
battre de laile à Orgères, Sancheville
|