Bio en une page
Lucien Laborde est né à M/ontmartre en
1923, fils du peintre normand Gaston Laborde. Il a pratiqué deux métiers. D'abord peintre
en bâtiment puis est entré dans l'administration et pas n'importe laquelle : le Trésor
Public ! Il y fit une brillante carrière de caissier. Ce fut une vie de stress.
Retraité, il aimait raconter les tracasseries de sa hiérarchie, les angoisses des
manipulations de fonds... Je ne sais pas si au ministère des finances on aime les poètes
? Moi j'aime les poètes et Lucien Laborde était par nature poète. Dès l'adolescence il
se confie à la feuille blanche, il lui restera fidèle jusqu'à ses derniers jours.
Sa première apparition en public ce fut l'interprétation d'un de ses poèmes par Charles
Trenet en 1938 sur l'antenne de Radio Cité. Lucien avait alors 15 ans.
Publication d'un premier recueil " Pétales de Rêve " en 1941 aux Editions
Debresse.
Dans les années cinquante il fréquente les cercles de poésie parisiens. Quelques
poèmes sont publiés dans les revues Sources, Gyroscope. Deux poèmes sont lus par Claude
Morand dans l'émission d'André Benclerc, Bureau de Poésie sur France 1 en 1958. Il
participe aux deux premières manifestations du groupe Cadence 1960 et 1961. En 1962 Prix
de Poésie française, publication du recueil Partage de la nuit...1964 la peinture
apparaît. Il participe au salon de Montrouge. Jusqu'aux années 1970 il gravite dans le
monde souterrain de la poésie, une participation au Théâtre Récamier à un spectacle
de poésie, d'autres poèmes publiés dans des revues.
A partir de 1968 il participe activement à la vie du Centre Culturel d'Ivry sur Seine. En
1970 une autre de ses passions, la préhistoire, le conduit à y organiser une exposition.
D'autres publications de poèmes... Il mène de front toutes ses passions.1974 une
exposition sur le thème l'origine de l'Art, toujours à Ivry.
C'est la préhistoire qui est la cause de son achat de sa maison à Sancheville en Eure et
Loir. Un dimanche déjeunant sur l'herbe à Rouvray Saint Florentin, il pénètre dans un
champ et trouve des silex taillés. Il étudie et exploite cet important site (il a fait
don de sa collection au musée de Chartres en 1999).
Muté à Chartres en 1974, il participe à la vie culturelle en Eure et Loir vue de son
coin de village. Je crois que la plus belle exposition de peinture durant cette période
fut celle montée par le Docteur Bourdin à Authon du Perche.
Il réunissait, dès qu'une opportunité se présentait, musiciens, récitants (dont ma
femme) pour organiser des récitals de poésies. Les poètes qu'il aimait, ses amis,
étaient de la fête. 1990 Publication de son recueil le plus important Voyage en
Sélénie. Le festival européen des arts et de la poésie de la Seyne sur Mer lui
décerne ses Lauriers d'or en 1998.
Certes tardivement, au printemps 1999 je sollicite Gérard Mallet qui enregistre un
premier C. D. de poèmes. Puis toujours dans ce même studio, le journaliste Philippe
Roussel fera une émouvante "radioscopie". Lucien Laborde dans ce bocal de verre
qui l'impressionnait, se raconte, document émouvant réalisé à la limite du possible
tellement il souffrait.Hélas Lucien n'écoutera jamais ce disque. Le travail n'est pas
terminé, on avait en projet d'accompagner de musique ses poèmes, et pourquoi pas ne pas
mettre en forme l'interview de Roussel. On verra...Il décède en 1999, suite à une
longue maladie comme on dit.
Je ne sais pas si cette petite biographie reflète correctement sa vie... .
Archétype de l'artiste, plus vrai que vrai. Un peu touche à tout. Homme de passions
contenues, de sentiments simples. Peintre de plein air comme son père, il expliquait que
sa peinture était faite en dilettante, pas si mal que çà la "dilettante". Il
est vrai que la poésie a toujours été présente. Il relisait, reprenait ses poèmes. Il
avait le sentiment qu'il pouvait toujours améliorer un texte.
Bien après, son décès, sa femme Denise, retrouve des poèmes écrits jusqu'aux derniers
moments sur des bouts de papier, sur les boîtes de médicaments. Derniers Cadeaux. Comme
ses poèmes, ses peintures il les reprenait, jamais satisfait. Quand il organisait un
récital de poésie, l'occasion était belle de vendre quelques recueils ? Eh ! non.
Pourtant il les emmenait ses recueils, mais ils restaient dans le coffre de la voiture.
Pendant que d'autres organisent des séances de dédicaces comme événement culturel...
Alors voilà quand on est plutôt discret, quand on n'a pas la chance de la chance ou que
l'on ne sait pas la provoquer, on laisse au moins deux romans non publiés, bon nombre de
poèmes inédits, des peintures dans un grenier. Et que restera-t-il dans quelques années
de son jardin magnifiquement aménagé dans une ancienne cour de ferme empierrée ?
Souvent les artistes sont égocentriques, narcissiques, lui aussi devait l'être
peut-être aussi ? Mais il ne nous présentait de lui que modestie. Toute petite fleur des
champs, mousse sur une pierre, du ciel dans l'eau, comme un beau voyage, un paysage où il
aimait se perdre.
AP. Novembre 2000.
Après la donation de sa collection d'objets
préhistoriques, publication dans le bulletin des muséums d'histoire naturelle de la
région centre,
Symbioses n°3 de novembre 2000 d'un article
écrit par Boudier P., Lelong A. et Richard G. L'interêt scientifique de collection est
présenté, mais aussi une évocation de son parcours artistique. |