Ils sont gens de peu, gens de rien, ils
sont des centaines, des milliers, des millions, de partout.
Ils vivent de peu, mais pas de rien… Une vache, des poules, des lapins,
un lopin de terre.
Ceux-là ne demandaient rien à personne, ils survivaient. Ils vivaient.
Ceux-là n’émargeaient pas au chômage, ni au RMI, ni à ces assistances
que la cité propose.
Mais les hommes de pouvoir sont à la taille de ce pays rétréci, borgnes.
Ils se contentent d’inquiétants silences pour de vagues profits ! Sang
contaminé oublié, frontières imperméables aux radiations, sac
d’insecticides sans mises en garde, biens nationaux vendus à l’encan
collusions diverses… J’en passe tellement !
Gens de peu, il en reste un par ici, je me demande en le voyant vivre
plutôt heureux, en tout cas pas malheureux, pourquoi ces révoltés des
cités, ces transhumances quotidiennes, alors qu’il eut été si simple de
les garder au village avec un peu de bon sens, un peu moins de
contraintes et peut-être d’impôts, ils savent faire des œufs non
calibrés, des poulets de grains, des lapins non labellisés et du lait
non stérilisé, plein de ces bonnes choses…
Mais c’est vrai, j’oubliais, les gens de pouvoir sont eux aussi
calibrés, labellisés et stérilisés, alors, vive les chômeurs, les
embouteillages, les hypermarchés et merde à Vauban ! |